J'entends siffler le train | |
1. 1869 - 1886 : le Bocage rêve de chemin de fer |
Savez-vous,
gens de Parfouru, que vous empruntez chaque jour la ligne ferroviaire
Caen-Vire ! En effet l'emprise de la voie ferrée de cette ligne a en partie été empruntée par l'autoroute A 84 entre Verson et Tournay sur Odon, ainsi que par la partie orientale du contournement de Villers-Bocage. Vous avez sans doute oublié la date de fermeture de cette ligne et vous ignorez probablement sa date de mise en service ... alors, en voiture pour un voyage dans le temps ! |
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Maisonnettes : 1. Parfouru | 2. Epinay | 3. Maisoncelles-Pelvey |
Naissance
du réseau ferroviaire français En 1827, la Compagnie des Houillères de la Loire ouvre 20 kilomètres de ligne. C'est la première réalisation ferroviaire française. Pendant le Second Empire et la Troisième République, le réseau français s'étoffe : 3000 km en 1852 ; 17000 km en 1870, 26000 km en 1882. Les lois de 1865 et de 1880 favorisent l'apparition de lignes d'intérêt local. Le rail pénètre jusque dans les campagnes profondes. C'est ainsi que le premier chemin de fer normand ouvre en 1843, soit quinze ans plus tard ; la région rattrape rapidement son retard. |
Le
réseau normand L'agglomération caennaise a été reliée à Paris par le chemin de fer à partir de 1855. Vire a été atteinte en 1867 par les trains en provenance de la gare Montparnasse via la gare de Flers-de-l'Orne. Trois ans plus tard la ligne est prolongée jusqu'à Granville. Ces deux liaisons suivent un axe est-ouest au départ de la capitale. Il n'existe par contre aucune liaison transversale permettant de relier la préfecture du Calvados et sa sous-préfecture. Le voyageur partant de Caen devait donc faire un grand détour en prenant la ligne Caen-Tours, attendre une correspondance à la gare d'Argentan pour prendre la ligne Paris-Granville, et descendre enfin à la gare de Vire. La liaison complémentaire Caen-Vire devient de plus en plus urgente, dans notre Bocage, l'impatience est vive, mais la procédure est longue ... L'Etat et le Conseil Général après 1865 choisissent l'entreprise privée, c'est une concession : "une compagnie" sera chargée de construire et d'exploiter la ligne projetée. L'ingénieur en chef de cette compagnie présente un avant-projet précisant la longueur, le tracé précis, les arrêts prévus, la largeur de voie, les avantages de l'itinéraire ... Le dossier est soumis à l'approbation des ingénieurs des Ponts et Chaussées, des agents voyers du département, sans oublier les municipalités concernées. L'Etat déclare alors la ligne d'utilité publique, les expropriations peuvent commencer. Une fois les terrains acquis, voies, ponts, tunnels et gares sont prêts à être construits. |
Naissance
de la ligne Caen-Vire Le 30 août 1869, le Conseil Général du Calvados décide enfin d'étoffer le réseau national en établissant cinq lignes de chemin de fer d'intérêt local*. L'un de ces projets consiste en la construction d'une nouvelle ligne entre Caen et Aunay-sur-Odon. Mr Armand Guilet reçoit en mars 1870 la concession de la ligne assortie d'une subvention de 1 216 000 francs. L'entrepreneur avance les fonds, mais le projet est ajourné du fait de la guerre franco-allemande de 1870. Après la défaite, les circonstances sont peu propices au projet : le Conseil Général, sur recommandation du préfet, décide le 3 novembre 1871 de temporiser. |
Le
19 octobre 1873,
le Conseil Municipal de Parfouru émet le voeu de la création
d'une halte au niveau de l'intersection de la future ligne de chemin de
fer et le la route de Caen (N 175) car la distance entre les stations
prévues à Noyers et à Villers est trop longue. Cet
arrêt supplémentaire serait fort utile aux habitants des
communes de Parfouru, Tournay, Landes, Monts, Villy et même Epinay. Le 9 février 1879, le Conseil se montre très favorable à l'exécution la plus rapide possible du chemin de fer Villers-Aunay-Vire. Il faudra encore attendre deux années puisque la déclaration d'utilité publique ne sera signée qu'en 1881. Le 2 juin 1881, le Conseil (réuni dès 7 h du matin !!!) réexamine la proposition de tracé du chemin de fer Caen-Saint-Lo-Vire et réitère sa demande d'octobre 1873 avec un argument supplémentaire de poids : l'arrêt de Parfouru n'occasionnerait aucun coût pour la compagnie de chemin de fer puisqu'un garde-barrière est de toute manière prévu au passage à niveau. |
Déclaration
d'utilité publique de 1881 : Sur cette ligne Caen-Vire, douze arrêts seront aménagés Caen - Louvigny - Verson - Mondrainville - Noyers - Villers - Aunay-Saint-Georges - Jurques - Saint-Martin des Besaces - Guilberville - La Ferrière-Hareng - Bény-Bocage - Carville - La Graverie - Vire Correspondances : Deux arrêts permettront des correspondances : - Guilberville vers Saint-Lo à partir de 1892, - Saint Martin des Besaces vers Balleroy par les chemins de fer du Calvados (voie de 60 cm) à partir de 1906 - Enfin la gare de Jurques sera connectée par une voie étroite (60 cm) de 3 km à une mine de fer exploitée de 1895 à 1940. L'ouverture de la ligne Caen-Vire : Les lignes de Vire à Saint-Lo et Vire à Caen totalisant 97 km ont été ouvertes entre 1886 et 1892. - La ligne entre la gare de Caen et celle d'Aunay-St georges est finalement ouverte le 20 août 1886 (section sur laquelle se situe Villers-Bocage) - Cette ligne sera prolongée d'un tronçon d'Aunay-St Georges à Vire, ouvert le 1er juillet 1891, et complétée par un tronçon de Guilberville à Saint-Lo, ouvert le 3 avril 1892. * Les autres lignes sont : Lisieux-Orbec ; Falaise-Condé-sur-Noireau ; Caen-Courseulles ; Mézidon- Cabourg. |
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Hier et aujourd'hui : la gare de Villers-Bocage au PK 26+305, ligne n° 413 000 |
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Un document du Ministère des Travaux Publics de 1911 intitulé
" statistique des Chemins de Fer Français au 31 décembre
1909 " indique que les lignes de Vire à Saint-Lo et Vire
à Caen (ancienne ligne de Caen à Vire N°413 000) totalisant
97 km ont été ouvertes entre 1886 et 1892. - Un autre document des Chemins de Fer de l'Ouest reprenant les ouvertures des lignes de la Compagnie de l'Ouest précise que le tronçon d'Aunay-St-Georges à Caen (section sur laquelle se situe la gare de Villers-Bocage au PK 26+305) a été ouvert le 20 août 1886. - Archives municipales de Parfouru-sur-Odon. Ce texte est la première partie du thème " J'entends siffler le train " qui comprend chronologiquement : 1. 1869-1886 " Le Bocage rêve de chemin de fer " 2. 1886 " Le cheval de fer à Parfouru " 3. 1906-1938 " Heures de gloire et déboires " 4. 1939-1972 " Agonie et fermeture d'une ligne " J-F Sehier / M. Lucas |